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Partie XXV du roman "Après l'énergie anti-électrique"
Sur notre planète aux robots dévoués, à la reconnaissance vocale généralisée, on estime qu’un tiers seulement des adultes maîtrisaient la lecture. Bien qu’elle fût obligatoire durant la scolarité, faute d’utilisation, elle s’oubliait rapidement. Encouragées à se divertir, les classes laborieuses s’abreuvaient des propos choisis par les programmes, l’idée d’étudier leur passant ainsi rarement par la tête. Ne nous leurrons pas : la technologie extraordinaire n’était pas au service du plus grand nombre mais permettait à une minorité de conserver les secteurs clés, stratégiques. Le déterminisme social n’avait jamais atteint un tel niveau. Ce qui s’appelait culture regroupait toutes les distractions. Seuls les bouddhistes avaient maintenu leur tradition spirituelle mais ils constituaient un groupe marginalisé, déclassé. Les religions monothéistes conservaient des mouvements d’influence mais s’étaient déconnectées des paroles de leurs livres. Ils pouvaient ainsi réciter et vénérer des Saints ayant prôné la sagesse, la pauvreté et la bonté, tout en vivant dans l’avidité et l’égoïsme.
Des « guerres de religions », dans des siècles très lointains, ont ravagé la planète. Nous ignorons leurs motivations réelles, tout en semblant pouvoir observer que notre pays s’était depuis des millénaires engagé dans une voie publique laïque acceptant toutes les convictions pourvu qu’elles ne débordent pas de la sphère privée. Deux courants prédominaient, à un niveau similaire, dans une très bonne entente, le christianisme et l’islamisme. Dieu est désormais dans la pensée de la plupart de nos compatriotes. Certains se réclament de Jésus, Mohamed, David, Jéhovah, Martin, David, Krishna, Antoine, Confucius, Raël, Irving, Moïse. Nous avons l’impression que tous se situent très loin de leurs prophètes. Pour les croyants également, il est urgent de retrouver des oeuvres de référence. Nous encourageons les érudits à transmettre leurs connaissances même s’ils éprouvent d’immenses difficultés à se faire entendre, au point de préférer s’isoler plutôt que de risquer de subir des violences. La protection des érudits est notre devoir. Nous avons été écoutés au plus haut niveau et notre pays est sur la bonne voie. N’ayez pas peur, vous êtes notre mémoire vivante, parlez. Bientôt, un nouveau jour se lèvera.
Les robots-enseignants n’ont pas été remplacés. C’est à vous les érudits que revient ce devoir. Notre jeunesse, livrée à elle-même, sans personne pour lui transmettre les bases et l’essentiel, a besoin de vous. C’est à vous les érudits, c’est à vous les anciens, de transmettre vos connaissances, votre expérience.
Même si l’impact de ce flyer fut restreint par l’illettrisme, il fut considérable. Dès son deuxième message, notre grand communiquant conseillerait des lectures publiques suivies de débats, qui devinrent de grandes séances de plébiscites. La France avait besoin d’un guide, elle l’avait.
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