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Chapitre X du roman "Après l'énergie anti-électrique"
XXXIV
Je mesure les risques d’une parole libre mais me devais, naturellement avec la participation et sous le contrôle de mes 39 collègues, d’exposer nos connaissances sous la forme d’un texte destiné à une représentation publique sur l’ensemble du territoire. Même si, forcément, aucune publication ne nous légitime, nous avons essayé de relancer cette Académie française. On nous accuse parfois de nous être imposés. Nous avons été quelques-uns à nous croiser, porteur d’un certain état d’esprit. On nous accuse d’être une bande, oui, mais littéraire ! Nous cherchons les belles idées et non le pouvoir.
Ce texte, nous n’avons pas la possibilité de le reproduire en nombre suffisant mais l’Assemblée Nationale nous ayant donné son accord de principe, comme projet essentiel, nous recevrons les acteurs majeurs de chaque département. Ils viendront l’apprendre pour le colporter. Le but étant de nous resituer dans l’Histoire mais également de vous demander d’apporter à la collectivité tout document en votre possession, ou tout savoir, qui le conforterait, l’approfondirait, ou même le contredirait. Nous devons connaître notre passé pour le comprendre, pour ne plus redouter l’avenir. Le pire n’est jamais certain. Ainsi, des formes de miracles se produisent parfois. Des aventuriers, en entrant dans la zone interdite autour de Golfech, dans un quartier nommé "Montesquieu", ont découvert, dans ce qui fut "un conservatoire européen", un fruit merveilleux. Ils ont payé de leur vie cette audace, succombant tous dans les trois semaines. Mais cette pomme-potiron, comme l’ont baptisée nos agronomes, s’avère extraordinaire, comestible, facile à reproduire, délicieuse, d’une productivité incroyable. Un pépin mis en terre devient un arbuste productif sous quinze semaines. Il ne produit certes qu’une seule fleur à la fois, au sommet d’une de ses branches, devenant en un mois un fruit d’une centaine de kilos.
Dès 9 à 10 jours, sous l’effet de son poids, la branche s’affaisse et il repose par terre où il continue à grossir. Sa cueillette entraîne sous 24 heures l’apparition d’une fleur sur une autre branche. Cet arbuste, d’environ 80 centimètres, d’une dizaine de branches, n’exige aucun sol particulier, juste une irrigation correcte. On observe une cinquantaine de bourgeons de taille variable, les jardiniers les plus aguerris prédisent lequel se transformera en prochain fruit. Il produit toute l’année, sans interruption. Soit près de 1200 kilos sur une surface d’environ trois mètres carrés.
La saveur de pomme contient une petite note de potiron, qu’à titre personnel je ne parviens pas à distinguer. Il s’agirait d’une mutation génétique lors d’une fusion entre une pomme Reinette et un potiron Atlantic Giant, une variété jadis connue pour donner les plus gros fruits du monde, jusqu’à cinq cents kilos, mais une variété peu gustative et d’une production très aléatoire. Une seule graine sur une centaine germait et rarement un potiron se développait sur ce plant.
Chaque fruit enserre une moyenne de 40 pépins. La peau, d’environ trois centimètres, très amère, entraîne naturellement sa non consommation, attitude encouragée par les agronomes et scientifiques, qui la décrivent comme un filtre absorbant les retombées néfastes.
On a observé chez les consommateurs un effet bénéfique, la diminution des pustules significatives d’une alimentation contaminée. Naturellement, l’être humain ne peut pas se nourrir d’un seul aliment mais la faculté de médecine recommande sa consommation quotidienne. Elle encourage également d’en donner aux volailles afin d’améliorer la qualité des œufs et de la chair. Seule une totale absence d’herbe peut décider les vaches à en croquer, des essais de découpe en fine lamelle n’ont pas amélioré son attractivité. Tandis que les cochons en raffolent et on note également une nette amélioration de leur santé, donc au final de leur viande.
Grâce à la volonté nationale, cet arbuste se cultive désormais sur l’ensemble du territoire habité. Aucune graine ne doit être gâchée. Le gouvernement a lancé un ambitieux programme : tout citoyen doit s’occuper d’au moins trois de ces arbustes. Nous avons offert des graines aux pays voisins, qui appellent désormais ce fruit « la pomme française. » Cela fait du bien, de se dire que l’on peut encore apporter de bonnes choses au monde.
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