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VII
Où l’on s’aperçoit que nombre de nos expressions réputées les plus philosophiques, proviennent de ce stoïcien. Je me dois d’ouvrir une parenthèse pour vous confier la préface et quelques-uns des plus beaux passages. Chaque jour la qualité du papier s’améliore, et bientôt une activité d’édition digne de ce nom pourra être relancée. Puisse cette œuvre être la première à connaître une large diffusion. À l’heure où chacun se cherche des repères, cette compréhension du soi constituerait un support de réflexion majeur. Quel bonheur d’ainsi remonter le temps.
La préface d’Adrien Sénecte :
124 des lettres de Sénèque à Lucilius nous sont parvenues, "sûrement exactes", même si des censeurs peuvent avoir réalisé un coup de ciseaux par ci par là.
Sénèque eut la chance d'être décrété compatible avec le christianisme, grâce surtout à l’ambiguïté possible de son utilisation du terme Dieu mais son stoïcisme m’apparaît cohérent avec les grands principes de son école philosophique, fondée par Zénon de Kition au début du troisième siècle... avant Jésus-Christ, avant notre ère, avant Sénèque.
On retient habituellement pour sa naissance "moins 4", à Cordoue, en Espagne. Et son suicidé exigé par Néron en 65, le 12 avril peut-être même. Il serait donc mort à 69 ans, un vieillard pour l'époque.
Sa vieillesse, il ne l’édulcore nullement, seule la sagesse l’intéresse, mais l’empereur, dont il fut le précepteur, refuse de le laisser finir, écrire, en paix. Les intellectuels furent rarement appréciés par les puissants. Mais en ce temps-là, l'autocrate pouvait exiger le suicide, par gentillesse presque, épargnant à l'homme et sa famille d'horribles douleurs, les tortures, une humiliante exécution publique.
Par ces lettres, écrites en latin, Sénèque amène au stoïcisme son ami Lucilius tenté par la voie d'Épicure, mais il s'aperçoit rapidement avoir trouvé la forme de son oeuvre majeure, après ses "traités", Sur la tranquillité de l'âme, Sur la vie heureuse, De la brièveté de la vie, Sur la colère, Sur la providence, Sur la clémence...
Il parle à son ami mais c'est à l'humanité qu'il s'adresse.
Après deux décennies à m'imprégner de cette morale, après la lecture des six traductions disponibles, la nécessaire réécriture en français limpide s'est imposée à moi.
Sénèque méritait mieux que des phrases alambiquées, leur académisme. Car si tous semblent d'accord sur le sens, même pour combler les quelques mots illisibles de l'exemplaire de référence (oui, il est passé près de la disparition, un seul cahier permit de relancer sa diffusion), on a parfois l'impression d'un concours de lourdeurs.
Ce que ne semblent pas avoir compris ces éminents latinistes, ou n'avoir pu exprimer, c'est que Sénèque fut un écrivain. Il ne s'est pas contenté, comme nombre de ses "confrères", de philosopher, il s'est soucié de la présentation, et a donné ses lettres de noblesse à l'art épistolaire.
J'ai toujours su me lancer dans une aventure où le temps me manquerait. Dans mes rêves les plus déraisonnables je m’imaginais réécrire l’ensemble de son œuvre puis ses continuateurs Épictète et Marc-Aurèle. Aujourd'hui, elle est venue l'heure de publier le peu réalisé.
Le temps qu'il me reste, j'essayerai d'en consacrer un peu, beaucoup, à la suite. Beaucoup de peu risque d’être insuffisant. Alors, n'hésitez pas à continuer, Sénèque le mérite bien.
La première lettre, De l'utilisation du temps, débute ainsi :
« Oui, mon cher Lucien, réapproprie-toi ta vie. Le temps, tu te le laisses ravir par les affaires publiques, dérober par des futilités ou s'évaporer en distractions, reprends-le et ménage-le.
Sois-en convaincu : des heures nous sont subtilisées de force, d'autres par surprise, d'autres filent entre nos doigts. Mais la perte la plus risible est celle issue de notre frivolité ; et si on se laisse dériver, la plus grande partie de la vie passe à mal faire, une grande partie à ne rien faire, et la totalité à faire autre chose que ce que l'on devrait, à ne jamais vraiment être à ce que l'on fait. »
La tentation d’une copie intégrale est grande. Tout est à déguster. Mais je me dois de modérer mon utilisation du papier national. Même si le stock est nettement plus important que ce que nous croyions avoir compris. Le philosophe reviendra maintes fois à la pensée au cœur de cette première lettre : « seul le temps nous appartient. » Comme c’est actuel !
Lettre 2 : « Ce n’est pas d’avoir peu, c’est de désirer plus, que l’on se sent pauvre. » Malheureusement l’histoire nous apprend que toute minorité vivant dignement, dans le respect de tous, risque de subir une réification par les puissants. L’idéal de cette "pauvreté relative" semble nécessiter des lois contre l’avidité monstrueuse des plus riches, par exemple en limitant la propriété d’habitations à une par personne.
Lettre 4 : « Que tes méditations quotidiennes visent à te mettre en état de quitter sans regret cette vie. » Se préparer à l’inévitable mort semble un point fondamental des stoïciens.
Lettre 7 : « La fréquentation du monde est néfaste. Là, tout nous encourage au vice, l’imprime en nous, à notre insu nous souille. » Le combat de gladiateurs et les exécutions publiques passionnaient Rome.
Lettre 8 : « Le droit chemin, que j’ai connu tard, lorsque j’étais las d’errer, je l’indique aux autres. » Malheureusement, chacun doit peut-être répéter les "mêmes" erreurs avant de chercher un tel chemin.
Lettre 16 : « La vie heureuse est le fruit d’une sagesse parfaite, la supportable, celui d’une sagesse ébauchée. » Ah si le temps de l’ébauche m’était accordée…
Lettre 23 : « Le plaisir est une pente glissante vers la souffrance. »
Vous vous sentez frustrés par cette parcimonie ? Je vous le promets, je ferai tout ce que je dois faire pour vous permettre d’accéder à l’intégralité.
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