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Gérard MIQUEL
LE RESPONSABLE
La Bibliothèque départementale de prêt a pour mission première la diffusion et la promotion du livre dans le département afin de faciliter l’accès gratuit à la lecture pour tous. On peut aussi lire : Offrir le savoir en partage.
Mais quels livres ? Quelles sont les conséquences de l’application de la réglementation des "Marchés publics" sur l’achat des livres ?
Pour cette enquête, je me suis donc octroyé une petite exception dans le boycott des salons du livre, me rendant, en voisin, à Castelnau-Montratier (département du Lot)... où j’escomptais bien interpeller le conseiller général local...
Il pensait donc pouvoir simplement serrer les mains dans un petit tour des écrivains, mais je lâchais l’apostrophe préparée : surprenant de voir un élu du Conseil Général ici ! Naturellement, il ne comprenait pas ! Mais ne pouvait passer à l’auteur suivant avant la réponse : vous êtes bien un représentant du Conseil Général qui méprise les écrivains indépendants ! Boum !
Et j’avais des arguments.
Monsieur Jean-Claude Bessou était choqué quand j’ajoutais : Il est assez risible de constater ce mépris de la littérature indépendante par notre conseil général dit socialiste, son soutien au groupe Lagardère et à celui du baron du Medef, Ernest-Antoine Seillière.
Comment sont lancés les appels d’offres ? Dans certains départements, sûrement avec intelligence. En procédant par lots (plusieurs appels). En se gardant la possibilité d’acheter directement aux éditeurs non disponibles par le ou les intermédiaires(s) retenu(s).
Dans le département du Lot : visiblement d’une manière bête et méchante.
Mon interlocutrice de la BDP (mes précédents livres furent acquis sans difficulté) m’avouait n’avoir AUCUNE MARGE DE MANOEUVRE.
Comment sont rédigés les appels d’offres ?
Sur la marge ? Ce qui signifie alors qu’un bouquin X équivaut à un bouquin Y ? La littérature de masse. Littérature naturellement.
L’éditeur indépendant est donc FORCEMENT exclu de certaines bibliothèques départementales ?
Bien sûr, nul doute, ça pourrait s’arranger... certain(e)s me conseillaient de voir X ou Y... d’un air de conseiller ne faites pas de vagues (ils n’aiment pas ça) ... quelques bouquins, nul doute que la BDP trouverait une possibilité de les acquérir si monsieur Gérard Miquel, le président du Conseil Général, l’exigeait.
Mais je refuse toute voie de passe-droit.
Tout petit arrangement .
De ces petits arrangements si fréquents, qui achètent le silence. Comme la charité vient palier des injustices.
Après lecture des documents disponibles sur internet, il semble que dans le cas d'un lot inférieur à 300 000 francs, la BDP n’ait pas obligation de lancer un appel au marché... rien ne devrait lui interdire d'acheter directement à un éditeur indépendant... sauf si la commission d’appel d’offres s’est liée à un distributeur ou une librairie... ce qui semble être le cas dans le Lot...
Qui siége dans ces commissions ? des élus et des représentants d’instances administratives ... Des sommités compétentes (niveau littérature) ?
Est-ce par incompétence de notables si des bibliothécaires se retrouvent contraintes de prononcer un désolé ? [mais, quand même, nulle grève n’est signalée parmi les bibliothécaires départementales pour dénoncer cette censure].
Des bibliothécaires communales m’ont depuis informé que la BDP... les encourage à acheter des livres... de petits éditeurs... comme une TENTATIVE D’ESSAYER DE CONTREBALANCER la politique départementale...
Des éditeurs m’ont confirmé avoir subi la même discrimination... mais comment affronter un mur ? Il est vrai que dans le Lot, il est impossible de s’adresser à un quotidien... le seul quotidien étant la Dépêche du midi, d’un certain Jean-Michel Baylet, aussi président du certes assez insignifiant Parti Radical de Gauche au niveau national mais omniprésent dans la région, PRG allié politique du Conseil Général... et du Conseil Régional.
[cette décentralisation de la culture souligne bien le danger des décentralisations : octroyer des compétences à des incompétents (nullement l’absence de compétences au niveau local, mais l’appropriation des postes de décisions par des incompétents dans un environnements de médias complices ou au minimum complaisants... Ah si chaque décision de Martin Malvy, Gérald Miquel et leurs collègues étaient disséqués comme celles de Nicolas Sarkozy... mais dans quelle région de France un média indépendant et intransigeant a réussi à survivre ?...) ]
Naturellement cette histoire n’en est qu’au premier chapitre... Comment vont se mobiliser les internautes ? J’attends vos réactions.
Précision : budget pour la Bibliothèque Départementale de Prêt : 238 000 euros dont 180 000 pour les acquisitions.
Précision 2 : aucune ambiguïté : j’ai toujours soutenu le prêt gratuit en bibliothèque (même quand des auteurs, des éditeurs le fustigeait), considérant la bibliothèque comme le lieu idéal pour des auteurs non inféodés ni cajolés aux (par les) grands médias d’exister, d’avancer, être découverts par un vaste lectorat...
Stéphane Ternoise,
EDITO DU MENSUEL www.lewebzinegratuit.com (octobre 2004)
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