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( Extrait de "Système D comme d'écrivains". Toutes les infos sur la pièce et son édition en avril 2021)
Georges : - Tu savais qu’une de ses pièces avait été diffusée sur France-Culture ?
Françoise, en souriant : - Entre 3 heures 30 et 5 heures… du matin ! Il devait être le seul à écouter ! Avec ses droits d’auteur, il ne doit même pas avoir pu acheter une ramette de papier pour imprimer ses acrostiches.
Georges : - Je n’ai jamais osé le lui balancer, je ne sais pas comment il réagirait, il est parfois tellement susceptible, mais il devrait comprendre, ça ne fait pas sérieux ses lambeaux de poèmes, il ne retrouvera jamais d’éditeur avec une telle réputation.
Françoise : - Cela s’appelle un euphémisme, cher ami… À ne pas confondre avec l’onanisme.
Georges : - Il ne s’est même pas aperçu de son lapsus. Comme pour ses rimes à la noix, il ne se rend compte de rien, le pauvre.
Françoise, en souriant : - « Elle croit en l’Amour. Sa main évoque le velours… »
Georges : - Tu connais par cœur !
Françoise : - Encore un salon avec un monde fou, en plus nous n’avions aucun espoir d’amélioration, il pleuvait des cordes, alors plutôt qu’être bassinée par Victor, j’ai feuilleté… Je n’ai pas pu tenir plus d’un quart d’heure.
Georges : - Au moins Victor, ses histoires sont drôles.
Françoise : - Mais quand tu les entends pour la quinzième fois, certes avec des variantes, un rôle de plus en plus avantageux… Un jour il va en arriver à prétendre avoir écrit toutes les chansons de Georges Brassens.
Georges : - Tu crois qu’il a vraiment connu Brassens ?
Françoise : - Il baratine tellement, on ne peut plus être certain de rien… En tout cas son inspecteur des impôts, à Jean-Paul, ça l’unanimité passionnément !
Georges : - Tu crois que… Non ? Quand même pas… Il n’est pas à ce point-là !?
Françoise : - Fais le test : cause d’une plage où tu as croisé trois jeunes mecs en bronzage intégral, et commence à les décrire.
Georges : - Mais les mecs, ça ne m’intéresse pas, moi j’aime les femmes de vingt-cinq-trente ans, toutes jeunes mamans. Le matin, je me promène toujours à l’heure de l’école maternelle, ah leur petite inquiétude sur le visage, un tel sentiment d’épanouissement.
Françoise : - Soit tu es un poète qui s’ignore, soit un déprimé qui rêve encore.
Georges : - Comme j’ai déjà essayé la poésie et
Sonnerie.
Georges : - Ça doit être l’autre cinglé… Moi je ne vais pas ouvrir…
Deuxième sonnerie.
Françoise, en souriant : - Je ne suis pas du genre à me laisser sonner !
Ils rient.
Françoise : - Une bonne averse rafraîchirait l’atmosphère !
Georges : - Qu’il grêle à fendre un figuier ! (Françoise le fixant avec de grands yeux ronds) C’est une expression de mon grand-père.
Troisième sonnerie. Ils rient de plus belle.
Georges : - Si j’étais méchant, je souhaiterais un orage, que la foudre nous en débarrasse.
Françoise : - Il se réincarnerait peut-être en écrivain.
Georges : - En simple stylo bic. Au moins il serait utile. Il me gonfle de plus en plus. Plus je le vois plus il me sort des yeux. Mais il ne faut jamais souhaiter la mort des gens… Ce n’est pas assez méchant.
Françoise : - À ce point ! La soirée risque de dégénérer.
Georges : - Je sais me tenir, tant que je reste sobre.
Quatrième sonnerie.
Jean-Paul, arrive en courant, lance : - Vous exagérez, que va penser Thomas ?
Jean-Paul ouvre.
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