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Partie XII du roman "Après l'énergie anti-électrique"
Depuis des générations, l’approvisionnement alimentaire s’effectuait en surgelé, procédé permettant, même pour les fruits et légumes, d’éviter les risques et gâchis des « circuits atmosphériques. » Après la multiplication des parasites lors de la deuxième phase du réchauffement climatique, ce fut l’un des épineux débats du XXIIe ou XXIIIe siècle, finalement clos par une série d’intoxications meurtrières sûrement déclenchées par les mains gantées d’industriels. Une expression lancée par Romane, la première, qui rendrait à César ce qui appartenait à Thomas, en expliquant dans ses mémoires l’avoir dénichée dans un carnet de son père, « une main de cactus dans un gant de latex », connaîtrait alors son heure de gloire.
Chaque foyer reste relié à un centre de distributions. Même les ruraux. Ce fut certes une raison de l’abandon d’une partie supplémentaire du territoire aux robots dévoués, inégalables dans la gestion des terres agricoles et des usines. Il suffisait de dicter sa commande et sous quelques secondes la trappe s’ouvrait. Vous êtes servi ! Bon appétit madame Huguette !... Bon appétit monsieur Tanner !... Bon appétit les enfants !... Un système entièrement automatisé, garanti sans microbe ni bactérie. Zéro stock, et presque zéro déchet. Tout résidu étant facturé cinq fois le prix de la commande. Aucune limite de demandes, une tarification basée sur la quantité, au gramme. Seule contrainte : la nécessité de consommer dans la demi-heure pour une hygiène garantie. Un jour nous saurons sûrement réactiver ces merveilleuses installations, et nous réapproprier nos villes.
On comprend difficilement pourquoi un tel réseau est récent, d’à peine trois siècles. Alors que depuis des centaines d’années il s’avérait techniquement réalisable. Ainsi le transport, alimentaire et du reste, a généré un trafic routier ayant épuisé les ressources pétrolières et occasionné le premier réchauffement climatique. Les routes en macadam, leur effet de captation et stockage de la chaleur, seraient responsables de l’augmentation de six degrés. Ce revêtement inapproprié devant en plus être régulièrement restauré et changé, avec ces millions de camions mais également les inutiles déplacements des consommateurs qui prenaient leur voiture pour se rendre dans des "magasins", des espèces d’entrepôts où chacun se servait. L’histoire de l’humanité regorge de telles aberrations. Un livre les répertoriait. Grand-père me l’avait raconté. Alors qu’il suffisait de relier les foyers à des centres de distributions, eux-mêmes reliés aux producteurs. Mêmes tergiversations avant l’utilisation de l’énergie du soleil, dont la puissance a toujours couvert au moins 15 fois l’ensemble des besoins des humains, qui ont pourtant développé des procédés pharaoniques comme l’extraction du charbon puis du pétrole, du gaz, la construction de millions d’éoliennes avant de « passer au solaire. » Comment nos ancêtres ont-ils pu ne pas y penser ? Encore un de ces mystères, une incompréhension. Grand-père se posait la question, concluant : une partie de la classe politique possédait sûrement les entreprises de ces secteurs inutiles mais rentables.
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