Nino Ferrer, le fric de Montcuq pour la célébration du suicide

Nino Ferrer, une célébration du suicide

14 juillet 2018, peu avant de se positionner pour son discours, M. le maire fonçait sur moi en sortant de la mairie, voulant sûrement montrer à ses administrés toute son énergie « je suis pas content de vous... Pas maintenant. C'est pas le moment. Je vais m'énerver !... » Ma petite caméra tournait et ces propos auraient pu suffire à émouvoir. Mais nous sommes dans le Quercy !
Quelle mouche l’a piqué ? Je me le demandais. Le dimanche suivant, hors caméra, il m’exposait son grief : ma vidéo sur l’incongruité d'octroyer « 10 000 euros de subventions municipales à la famille et à la société de production de feu Nino Ferrer pour la célébration du vingtième anniversaire de son suicide. » J’aurais dû diffuser son interview sans exposer mon point de vue !
Oui, je persiste, ce cadeau me semble inconsidéré, indécent. Mais significatif. Quand la bibliothèque venait de passer de la gratuité à une cotisation !

10 000 euros de subventions, votés par notre conseil municipal du 14 mai 2018. Quand on observait le programme, on se demandait la destination de cette galette astronomique. Mais on n'est pas dans le cadre associatif ! C'est celui de « la famille et de la société de production. » Le privé, quoi. Faut faire du bénéf !
Le compte rendu officiel est formel : « La Commune souhaite s'engager pleinement aux côtés de la famille et de la société de production et propose une participation financière à hauteur de 10 000 euros. »

J'avais donc, lors d’une rencontre de préparation du salon du livre, questionné notre maire également sur cette décision, l’introduisant en douceur, en l’amenant à parler des autres festivités de l’été. Il a très bien défendu sa position, même face à un chroniqueur le questionnant d’abord sur la qualité de ce monsieur, l'abordant sous l'angle de la fête des cornichons et balançant l'idée d'un cornichon géant recouvrant la tour de Montcuq, parodiant ainsi le préservatif sur l'obélisque.

Pour donner un ordre d’idée, avec 400 euros de subventions municipales, au salon du livre, nous avons fait venir 40 écrivains. Et avons rendu hommage le samedi à Georges Coulonges, dont la plume me semble plus fine.

Alain Lalabarde dixit : « Subvention exceptionnelle liée à un événement exceptionnel et sous ma mandature il n'y aura plus d'événement comme celui-là, le vingtième anniversaire de la disparition de Nino Ferrer. »
L’interviewer se permet de demander qui était ce monsieur. « Nino Ferrer un chanteur et un artiste peintre aussi pour ceux qui aiment. »
Puis vient le « c'est une volonté personnelle, on peut ne pas être d'accord avec ça... J'estime que Nino a apporté énormément au village... Nino a apporté à un moment donné au village une notoriété... »
Et même « C'est un personnage qui a vraiment vécu sur notre territoire, qui a aimé le territoire, qui a aimé les gens, contrairement à ce que l'on peut dire... il était comme la plupart des artistes, un peu caractériel. » Quand le maire affirme « notre territoire » il ne s’agit ni de Montcuq ni des 4 autres communes de Montcuq-en-Quercy-Blanc mais de la commune d’origine de Daniel Maury où son épouse est alors conseillère municipale, Saint Cyprien. Notre territoire la petite Maurytanie ! Le maire a dit et ils ont voté, les membres de la boîte à valider, du Conseil Municipal.

Je souriais de son mécontentement, à monsieur le maire, l’invitais à être sérieux, en ramenant cette affaire à un prétexte pour justifier sa colère, qu’il nourrissait d’autres objectifs. Il n’allait pas plus loin que de m’accorder d’être intelligent ! Les gros sabots de Lalabarde !

En me tapant sur les doigts publiquement, M. le maire pensait peut-être obtenir mon silence pour ce qui allait suivre, le passage de 600 000 euros, déjà une somme astronomique, à notre échelle, à 1 million 500 000 euros pour des travaux prétendus du "coeur de Montcuq", travaux dont je ne vois pas la cohérence, la nécessité ni le bénéfice pour notre commune.

Monsieur le maire me savait dans un deuil profond. Début 2018 il s’était étonné de ne presque plus me voir et je lui avais confié surtout séjourner à l’hôpital… Au printemps la réalité confirmait le diagnostic des oncologues : on ne guérit pas de la méningite carcinomateuse. L’organisation de ce salon du livre, naturellement, m’obligeait à ne pas m’effondrer. Mais avec le recul je crois que ces gens-là ont pensé qu’ayant la tête sous l’eau il leur suffisait d’appuyer un peu pour se débarrasser de l’empêcheur de Maurytiner en paix.
Naturellement, ils peuvent toujours justifier l’injustifiable autrement. Mais ce qui fut fait mérite selon moi la circonstance aggravante de cette intention abjecte.

« Alors tu reviens à ta première idée d’un procédé plus paisible, procurant une mort plus douce, un sommeil dont on ne se réveille pas, voilà tout : avaler pour cela la dose suffisante de sédatifs – tu as tout ce qu’il faut dans ta pharmacie. Des cachets, des gouttes : le suicide des femmes et des pédés ! Selon Hemingway, qui, lui, recourut au fusil de chasse. »
Jack-Alain Léger, les aurochs & les anges.