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Chapitre XLIV (suite) du roman "Après l'énergie anti-électrique"
Mon grand-père adoré n’est pas mort d’épuisement, comme on me l’avait fait croire. J’avais dix ans quand avec Sandrine et notre père nous sommes partis quinze jours chez un de ses oncles. Des vacances. Ma mère et mon grand-père devaient nous rejoindre quand ils auraient terminé "leur travail". J’avais 10 ans, vivre quinze jours loin d’eux me semblait une éternité. Ma mère est arrivée plus tôt que prévu mais seule, et nous ne sommes jamais retournés "chez nous", nous installant, après un voyage épuisant, très loin, au-dessus de Bordeaux, dans une ancienne grange à rénover, à relever, un tas de pierres à utiliser, à côté de chez un cousin de notre père. Elle est devenue la maison où 41 ans plus tard j’écoutais ma sœur.
Mon pépé craignait pour notre vie, avait reçu des « informations inquiétantes », essayait de trouver une solution pour « passer en Espagne, un pays où nous pourrions vivre en sécurité. » Trois jours après notre départ, ma mère a entendu les corbeaux croasser. C’était un signal. Mon grand-père imitait à la perfection le cri de nombreux oiseaux. Elle eut juste le temps de se précipiter à la cave et se faufiler dans la cache réalisée peu avant. La maison fut brûlée. Malgré les flammes elle réussit à entendre le merle. Elle savait donc qu’il lui fallait fuir, qu’elle ne le reverrait jamais.
Notre mère faillit périr asphyxiée. Puis elle resterait enfouie cinq jours, vivant de noix et de l’eau stockées là par prévoyance. Une nuit elle est partie, elle a marché à la lueur de la lune. Elle a marché trois nuits et n’a pas pu avouer la vérité à ses enfants.
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