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Partie XVII du roman "Après l'énergie anti-électrique"
Cinq années plus tard, quelques milliards de morts plus tard, on notait un apaisement. Comme si l’humanité reprenait son souffle. La vie s’écoulant « comme en 1800. » Manger, se vêtir, se chausser, se loger constituant les « besoins primaires » considérés effectifs pour tous.
La conclusion de la dernière étude des stocks de vêtements a encore repoussé à 25 ans la nécessité de découvrir une solution de confection nouvelle. L’utilisation maximale reste la loi. Les peaux de moutons et de vaches apportent un peu de nouveauté, même si des problèmes d’odeur subsistent. Le "raccommodage" est devenu une pratique courante. On ignore l’utilisation première des "aiguilles" retrouvées mais en passant des fils obtenus de certains vêtements dans la petite boucle, il est possible de "raccommoder", réparer les vêtements troués. Je m’y suis essayé et avoue mes grandes difficultés, m’être piqué au sang avec la pointe, alors que des femmes excellent dans cette pratique. Des communautés leur assurent un logement et le repas en contrepartie de cette activité. Nous assistons à l’essor de nouvelles professions.
Comme le manque de pneus pour les vélos, la pénurie de chaussures pèse sur la vie quotidienne. Les peaux évident de marcher nus pieds ; le sabot en bois n’étant utilisable que sur de courtes distances.
« Nous sommes partis sur les routes à bicyclettes, nous sommes désormais en marche pieds nus, bientôt nous marcherons sur nos moignons » s’amusent les nouveaux humoristes. Car nous avons de nouveau des humoristes qui parcourent le pays et s’arrêtent là où l’on veut bien les loger et les nourrir, en s’engageant à leur donner suffisamment pour avancer jusqu’au prochain village. Oui, nous parlons de nouveau de villages. Et nous rions. Le « rions avant d’être heureux, de peur de mourir sans avoir ri » enchante les publics. Nous avons retrouvé notre légendaire autodérision. Même avec un "système de soins" toujours rudimentaire. C’est sûrement dans le domaine de la médecine que nous mesurons le plus cruellement l’erreur d’une délégation totale aux robots. Tout le savoir est à redécouvrir, on meurt de l’infection de petites plaies.
Les hivers constituent toujours des périodes périlleuses, l’humain n’était pas, n’étant plus, habitué à supporter des températures aussi basses. De « vieux thermomètres » sont formels, nous avons connu à de nombreuses reprises jusqu’à moins 3. Nous pouvons néanmoins imaginer que nos lointains ancêtres de ce dix-neuvième siècle ont subi des froids plus rigoureux mais nous ignorons la manière dont ils s’en accommodaient. Nous nous chauffons au bois. Mais comme il est difficile de débiter un arbre !
Dans l’autre sens, nous devons tous essayer de trouver des endroits frais quand le soleil matraque. 68 degrés en août. L’habitat en pierre semble toujours celui conservant le mieux la fraîcheur. C’est un chantier colossal, d’essayer de restaurer les ruines de l’ère industrielle. Mais nous devons assimiler cette évidence : les matériaux de l’ère 100% numérique, constitués de capteurs et de blocs-bloquants des particules, sont des passoires thermiques. Les grottes constituent un habitat privilégié. Où les températures ne descendent jamais sous zéro, tout en conservant une fraîcheur même en cas de canicule. Elles semblent partout occupées par les familles les plus puissantes. J’ai eu l’occasion de descendre dans une grotte dite souterraine, au moins cent mètres sous terre. Un exercice périlleux. La récompense fut au niveau de l’effort. On s’y sent respirer. On sent une fraîcheur entrer en soi. L’eau de la rivière souterraine y est nettement plus limpide qu’en extérieur. Les immenses salles permettraient à une centaine de personnes d’y vivre, une beauté époustouflante, de stalactites et stalagmites. Mais le jardinage s’avère impossible par manque de luminosité. J’en suis sorti comme dans mon souvenir d’une cabine de décontamination. C’est l’un de mes rares souvenirs du monde d’avant, avec les sanctions. J’avais 5 ans lors du « grand changement », nous autres français retrouvons rapidement l’envie des rimes. Il s’agit naturellement d’une référence aux « grands confinements. »
On pourrait conseiller l’utilisation de ces grottes souterraines pour des séjours de réoxygénation. Ce fut l’un de mes sujets d’entretien avec le président de l’académie de médecine.
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