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Chapitre XLVIII du roman "Après l'énergie anti-électrique"
- Je vous en prie, très cher. C’est une joie de vous revoir. Quelle agréable surprise. Monsieur le Président de la nouvelle Académie française devant moi. Le plus littéraire de mes amis. Et soudain, mais bien sûr ! Vous savez, on cherche parfois un visage, et il vous apparaît. Vous n’avez jamais vécu cela, cher ami ? Je peux toujours vous considérer comme mon allié, mon ami ?
- Sa Sainteté me connaît depuis si longtemps. J’étais déjà un vieil homme quand je vous donnais des leçons d’écriture. Votre ami et votre dévoué serviteur, tenant également à vous féliciter pour ces mesures prises en faveur de la natalité. J’ai pu constater leur mise en pratique, l’enthousiasme des femmes et des hommes pour relever ce défi. Oui, notre pays a besoin d’enfants.
Il lui fallait parler, parler, essayer de faire durer le plus possible la conversation pour espérer conserver la vie. S’il parvenait à ouvrir le royal moulin à paroles, à relancer le flot de bavardages vides durant un quart d’heure, ce serait gagné. Mais l’entrée dans le vif du sujet fut immédiate.
- Justement, je me demandais, connaissez-vous, cher ami, le nom de l’auteur de la fameuse citation « quand on se jette dans la gueule du loup, on se fait dévorer » ? Silence éloquent ! Vous n’en avez aucune idée, cher monsieur Malvy Antoine ? C’est bien toujours votre identité ? Rappelez-moi un peu l’origine de votre famille, sa vie dans le monde d’avant.
Il était démasqué. Comment vivre encore quatorze minutes devant la gueule ouverte du loup ? Quatorze minutes pour parvenir à achever le loup, qu’il ne subisse pas simplement les désagréments d’une mauvaise indigestion associée à une forte migraine et un faux début de Parkinson.
- Mon père étaient journaliste à La Figue du Midi, comme mon grand-père, et sans pouvoir être totalement affirmatif, il s’agissait d’une longue tradition familiale. Comme vous le savez, quand on entrait dans ce quotidien, ce sanctuaire de l’information, c’était pour la vie, et pour la vie de ses enfants.
- Oui, cher ami, quel dommage pour la France que les patrons de ce grand quotidien aient tous péris. C’est une grande perte pour l’humanité. Cette famille nous a donné tellement de ministres, certes qui ne faisaient rien mais le faisait bien, comme disait mon grand-père. Elle fut toujours du bon côté, même si elle avait parfois un pied de chaque côté, mais ne pinaillons pas. Ce fut également le cas chez vous, naturellement, pour vous être maintenus dans cette rédaction où l’on ne transigeait pas avec certains fauteurs de troubles, les irrespectueux des hiérarchies ?
- Nous étions d’une tradition de journalistes sportifs, nous pratiquions également en amateurs, très éloignés de la politique. Mais naturellement de la ligne de la Figue du Midi, la seule ligne honorable.
- Honorable, le mot me va droit au cœur. Je vais vous présenter mon fils, monsieur Antoine. Il hurle "junior". Qui devait attendre derrière la porte car le gamin entre presque immédiatement. Viens saluer le tonton de la demoiselle… Oui, mon cher Président, ça ne vous dérange pas, d’être également ainsi appelé, monsieur Antoine Malvy ? Nous avons eu la joie de recevoir une jeune dame.
- J’imagine qu’à 10 ans, Emmanuel junior a déjà la poigne de son père. Et que j’aurai l’honneur qu’il me serre la main.
- Oui, mon fils, montre au monsieur à la tête encore sur les épaules de qui tu tiens.
Il y mit toutes ses forces et la simulation d’une douleur enchanta père et fils. À 10 ans, il avait déjà acquis le tic paternel, se suçait l’index droit quand il ne parlait pas. Et il était peu causant !
- Maintenant, tu peux descendre à la cave chercher la nièce de ton nouvel ami. (se tournant vers Ferdinand :) Elle doit avoir un problème d’hygiène, elle sent le rat crevé la bougnasse.
Le fils sortit :
- Confidence d’ami, entre nous, je sais que vous ne le répéterez pas. Ce gamin me déçoit. À son âge, j’avais une autre envergure. Je vais prendre une nouvelle femme, plus dynamique, pour concevoir un héritier digne de moi, et ce gamin finira à la trappe. Cela ne vous concerne plus, mais c’est ainsi que l’on gère une dynastie. On sait couper les mauvaises branches aussi chez nous. Mon grand-père m’a enseigné l’essentiel, l’art du pouvoir, de n’avoir aucune mollesse. Et j’ai suivi son conseil, quand je me suis senti la force de diriger ce pays, j’ai supprimé mon père, un homme inconstant, sa meilleure initiative, ressortir la guillotine, venait déjà de moi, et il l’a fait par faiblesse, pour se rassurer, après être allé pleurer devant le monde que son vilain papa avait caché la vérité. Même s’ils ne semblaient pas représenter un danger, ma sœur, mon oncle, sa fille et ses deux fils ont subi le même sort. J’avais découvert cette guillotine au musée. J’adorais y emmener des filles, mes premières conquêtes. Elles s’allongeaient sans crainte, les pauvrettes, ne pouvant imaginer la suite. Et dès que j’avais fini, le spectacle de la descente de la lame, de la tête tranchée et sa tombée au panier, me causait une seconde vague de plaisir. J’ai voulu offrir ce bonheur à tout un peuple. Il faut parfois attiser les instincts les plus fougueux. Je vous donne une leçon d’art de la guerre [le fils entre] car nous sommes en guerre permanente. Vous allez regretter d’être venu. Un roi ne négocie pas. Il tranche.
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