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IX - #NousSommesTousCahors
Aussi étonnant que cela puisse paraître, le drame, la décapitation de la classe politique, la destruction de cette historique cité, ayant préservé une architecture romaine, un amphithéâtre millénaire et de nombreux vestiges, dont des thermes où à une époque le maire, grand et musclé, traditionnellement entouré des adjoints et quelques personnalités, prenait un « bain de la St Sylvestre » pour célébrer le passage en l’an neuf, ce drame ne suscita aucune vague d’indignation comme en avait pourtant vécu le pays lors d’attentats avec à peine une centaine de victimes. Le peuple refusa de se recueillir, la foule appelée à se réunir sur les Champs-Élysées pour une cérémonie digne et silencieuse, resta très très éparpillée.
Le hashtag NousSommesTousCahors vira au flop. #CaDevaitArriver fit florès. C’était le temps où sur les "réseaux sociaux" un "mot clé" jugeait de la popularité d’un événement.
« Ça devait arriver » semble avoir été la réaction fataliste la plus répandue. Cahors étant devenue une ville de riches retraités festifs, avec ses casinos, ses parcs attractifs, et les rares actifs, prospères grâce aux revenus du tourisme, appartenaient forcément au clan régnant. Il fallait plaire au château (la demeure du roi Henry VIII, un anglais longtemps maître de la région, durant le Moyen Âge, transformée en mairie par la République) ou dégager.
Chaque année, la France y célébrait l’ouverture de la saison touristique, avec au moins un ministre aux périodes de gouvernement en froid avec la mouvance locale jusqu’aux défilés de franche amitié du Président entouré d’une suite de ministres et secrétaires d’État, convoi descendant dans un TGV duquel il saluait le peuple ; toujours une réussite, assurée par la dizaine de wagons remplis des bibelots les plus divers, offerts par les sponsors de l’opération, souvenirs dont raffolaient les enfants. La parade était néanmoins surnommée « le TGV du cholestérol », tellement les notables se gavaient de foie gras, caviar, champagne, homard et compagnie. Le tourisme, c’était aussi la gastronomie, le chiffre d’affaire des restaurateurs. Ce Train à Grande Vitesse se muait en tacot de sénateur dans les zones peuplées où il convenait que « les gens » puissent apercevoir des têtes connues, et aux points définis, tous souriaient, saluaient, un prompteur le leur rappelant, car les journalistes locaux immortalisaient ce grand moment, ce « bain de foule. »
Pourtant les touristes affluaient, les nombreuses animations y concourant également, du lancer de nains aux exhibitions d’attaques d’aigles sur des corbeaux, en passant par les ballades à dos d’ânes, la piscine aux dauphins, les concerts, la fête du melon puis celle des figues, la fontaine à vin, un salon du livre gastronomique… Mais ils avaient vu, il n’y avait plus rien à voir ! Si la circonscription accorda régulièrement sa confiance aux descendants de la téméraire Romane, ce fut toujours malgré le vote de ce bastion du clientélisme. D’un point de vue électoral, son poids frisait certes le dérisoire, Brive, la préfecture, flirtant au moment de ces faits avec les 300 000 habitants. « Une petite ville musée où il faisait bon vivre. » Mais avec des mœurs mafieuses ajoutaient les « mauvais esprits. » Ces deux précisions de mon pépé.
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